Fiche numéro : 52

Juin 2024 - Koltès

Classique du mois n°52 – Juin 2024

« La nuit juste avant les forêts » de Bernard-Marie Koltès

Écrit en 1977.

Date de première publication : 1980 par les éditions Stock

Éditions de Minuit, 1988, pour la présente édition

« Tu tournais le coin de la rue lorsque je t’ai vu … » : à partir de là, on ne l’arrêtera plus. Bernard-Marie Koltès, l’un des plus grands dramaturges français, livre avec La nuit juste avant les forêts son texte le plus mystérieux, le plus poétique, le plus métaphorique et peut-être le plus puissant.

Un homme aborde un autre homme pour lui demander une chambre où passer la nuit, une clope ou une bière. C’est à peu près tout ce que l'on sait de cette intrigue : il fait nuit dans la ville, l’errance, la marginalité et la solitude la plus profonde tenaillent le narrateur, il n’a rien ; rien sauf le langage. Et quel langage ! Dans cette longue phrase ininterrompue, le génie de Koltès explose et le point névralgique de son œuvre prend racine : il n’y a que dans la rencontre avec l’autre que se niche le bonheur et la possibilité de fuir une société oppressante. Dans ce mouvement surgit la vie : sur ce chemin le théâtre naît. La nuit juste avant les forêts c’est de l’écriture pure, au sens jouissif du terme où chaque nouvelle lecture porte en elle une renaissance du texte. La nuit juste avant les forêts c’est un texte à apprendre par cœur, à réciter à haute voix sans s’interrompre, à crier et à chuchoter. Rentrez dans l’épaisseur de cette nuit, elle ne vous quittera plus.

L'auteur

Bernard-Marie Koltès naît à Metz en 1948 et meurt à Paris en 1989 des suites du SIDA. En 41 ans de vie, son empreinte laissée à la littérature est exceptionnelle. À 20 ans il est ébloui par l'interprétation que fait Maria Casarès de Médée dans la mise en scène de Jorge Lavelli. Il entre alors en tant qu'étudiant au Théâtre national de Strasbourg où il écrit et met en scène. Après de longues années d'errance et de marginalité marquées par la drogue et une tentative de suicide, il finit en 1977 La nuit juste avant les forêts. Suivront plusieurs pièces, la plupart montées par Patrice Chéreau, rencontré en 1979, dont Dans la solitude des champs de coton, Quai Ouest, et Combat de nègre et de chiens.

Citation

« le vent dans mon dos me faisait vaciller, m’aurait soulevé si ne m’étais pas accroché discrètement aux bouffeurs alourdis et à leur connerie de plomb, il m’aurait emporté tant je deviens léger, comme les courants d’air te faisaient disparaître au coin des rues »

Fiche rédigée par Simon Payen