Fiche numéro : 54

Septembre 2024 - Navarre

Fiche n°54 – Septembre 2024

Le jardin d'acclimatation de Yves Navarre

Année de première publication : 1980, Flammarion

H&O poche, 2019, pour la présente édition

9 juillet 1960. Les Prouillan, riches propriétaires terriens gascons, attendent dans leur demeure du Lot-et-Garonne le retour de Barcelone de Bertrand, le petit dernier de la famille. Celle-ci comprend Henri, le patriarche, ministre gaulliste de la Ve République, Cécile, sa femme effacée, Suzy, la tante aimante mariée à un dramaturge juif au succès mitigé brocardant le bourgeois pour faire rire. Et il y a les quatre enfants : Luc, Sébastien, Claire et... Bertrand, celui qui n'entre pas dans le moule conventionnel familial, garçon sensible et impertinent, tout juste reçu brillamment à l'École normale et amoureux de Romain, comédien de plus de dix ans son aîné.

9 juillet 1980. Jour des 40 ans de Bertrand, chacun ressasse l'abominable secret de la très bourgeoise famille Prouillan et repense à ce jour où Bertrand a malgré lui cessé d'être Bertrand.

Marqueuse d'une époque, cette vertigineuse étude de mœurs est une œuvre injustement oubliée de la littérature française du XXe siècle.

L'auteur

Yves Navarre naît dans le Gers en 1940 et commence à publier en 1971. Romancier, dramaturge, dialoguiste, il cotoya le Tout-Paris des années 1970-1980, vivant son homosexualité à visage découvert à une époque où elle demeurait souvent taboue. Il en fait une thématique récurrente de son œuvre, disant « vouloir mettre l'emphase sur une sensualité plutôt qu'une sexualité ». Il fut également ambassadeur auprès de François Mitterand en 1981 du combat pour l'égalité des droits. Se sentant incompris comme romancier et snobé par le milieu littéraire parisien, il est perçu comme un homme à la mélancolie profonde, mondain et solitaire, brillant et énigmatique, ce qui ne l'empêchera pas d'obtenir le prix Goncourt en 1980. Le mal-être qui l'habite revient compulsivement sous sa plume, le conduisant, en ultime recours, à mettre fin à ses jours le 24 janvier 1994.

Citation

« Je ne peux aujourd'hui que t'offrir ce jardin dans lequel nous grandirons toujours sans le savoir, sans le vouloir. »

Lettre de Bertrand Prouillan à son frère Sébastien

Fiche rédigée par Stéphane Prieur