Fiche numéro : 27
Novembre - Kazantzaki
Fiche n°27 - Novembre 2021
Alexis Zorba de Nikos Kazantzaki
Année de première publication : 1946
Première traduction en français en 1963 par Yvonne Gauthier pour les éditions Plon puis nouvelle traduction en 2015 par René Bouchet pour les éditions Cambourakis
Véritable monument littéraire et spirituel, écrit entre 1941 et 1943, aux heures les plus sombres de l’histoire de la Grèce moderne, Alexis Zorba dresse le bilan d’une existence placée sous le signe du conflit intérieur et de la quête philosophique. Nikos Kazantzaki, disciple de Bergson et adepte de la connaissance empirique, imagine le portrait d’un marin grec sexagénaire à la faconde inimitable et incroyable vivant. Sur le départ au Pirée, le narrateur, jeune écrivain ayant rangé ses livres pour réaffecter une mine de lignite en Crête, tombe sur cet homme pétri de paradoxes, tendre et brutal, exalté et amer. L'intellectuel aura d’abord du mal à le comprendre mais il finira par l'engager comme contremaître. Leur amitié indéfectible, au-delà de leurs visions respectives de la vie, sera prétexte à de multiples digressions sur la recherche du bonheur terrestre. Le lyrisme somptueux de son style éloigne Alexis Zorba de sa célèbre adaptation cinématographique pour atteindre à l’épopée. Tout sauf un récit psychologique, c’est un chant, un poème, une ode à la liberté.
L'auteur :
Nikos Kazantzaki naît en 1883 dans un petit village crétois. Il grandit dans un monde étriqué et archaïque le conduisant à arpenter le globe. D'abord étudiant en droit à Athènes, il étudie la philosophie à Paris avec Bergson et se passionne pour Nietzsche dont la pensée ne cessera de l'habiter. De pays en pays, épousant bien des causes et des doctrines, de Bouddha à Saint François d'Assise, de Lénine jusqu'au Christ, il se forge un panthéon, dont les romans qui en résultent ont fait de lui une figure controversée des lettres grecques. Écrivain prolifique ayant pratiqué tous les genres, homme torturé par l'angoisse, sans cesse en proie à l'errance, il partage sa vie entre son sens du devoir et son désir de liberté. Son Alexis Zorba apparaît alors comme un prétexte à une interrogation sur les formes et le sens de cette liberté, et en définissant cet homme qui « rit devant la mort », il préfigure sa célèbre épitaphe : « Je n'espère rien, je ne crains rien, je suis libre ».
Extrait :
« J'avais vingt ans. À une fête de mon village, là-bas près de l'Olympe, quand j'ai entendu pour la première fois jouer du santouri. J'en ai eu le souffle coupé. Pendant trois jours, je n'ai rien pu avaler. Depuis que j'ai appris à jouer du santouri, je suis devenu un autre homme. Quand j'ai le cafard ou que je suis dans la mouise, je joue du santouri et je me sens plus léger. Et quand je joue, inutile de me parler, je n'entends rien et même si j'entends, je ne peux plus parler...Eh ! La passion quoi ! »
Fiche rédigée par Stéphane Prieur