Fiche n°37 – Novembre 2022 Ces petits messieurs de Louise Colet Année de publication originale : 1869 chez « Dentu » Éditions Talents hauts, collection « Les plumées », 2022 pour la présente édition.
« Pour se procurer de l’argent, rien de plus ingénieux qu’une femme ». Aristophane donne le ton dès l’Antiquité grecque. Depuis lors, les demi-mondaines, lorettes et autres cocottes ont nourri l’imagination de nos auteurs classiques. En témoigne, pour le seul XIXe siècle, la pléthore de personnages de femmes vénales : Manon Lescaut, Nana ou encore Odette. Mais quid de la gent masculine ? La vénalité serait-elle l'apanage des femmes ? C’est en 1869, dans un contexte littéraire particulièrement misogyne, que Louise Colet esquisse le portrait de « ces petits messieurs », qui « usent des mêmes moyens [que ces petites dames] pour satisfaire les convoitises d’ une vie oisive et vaniteuse ». Texte clin d’œil à La Bruyère, original de par sa forme hybride et son sujet, ce classique de la littérature se démarque par son humour mordant et son féminisme et dresse le tableau d’ un Second Empire corrompu. Une oeuvre incontournable de nouveau accessible grâce au travail des éditions Talents Hauts qui réhabilite les oeuvres du matrimoine dans la collection « Les Plumées ».
L’autrice :
Née Louise Révoil à Aix-en-Provence en 1810, elle épouse en 1825 le compositeur Hippolyte Colet et lesuit à Paris. À 26 ans, elle publie un premier recueil de poésie qui lui vaut un franc succès immédiatement. Longtemps considérée comme la seule muse de Gustave Flaubert qu’elle rencontre en 1846, Louise Colet fut une femme de lettre indépendante, refusant de changer de nom pour publier. Elle connut de son vivant les hommages des plus grands, reçut les prix les plus prestigieux. Décédée en 1876 puis effacée de l’ histoire littéraire, elle est l’autrice d’ une œuvre foisonnante et éclectique.
Extrait :
« Les petits messieurs, ne portant pas d’étiquette, n’affirmant jamais leur spéculation, soigneux d’en cacher et d’en nier la honte, s’ insinuent doux et plaintifs comme des colombes auprès de celles dont ils veulent faire leur proie. Ils les séduisent par les côtés délicats. Sortis des classes bien nées, ils savent comment il faut s’ y prendre auprès des impures de haut rang ; ils leur soupirent leurs flatteries délurées sous forme de convictions morales et d’affinités attractives. »