Fiche numéro : 2
Avril - Aguéev
Fiche n°2 - Avril 2019
Roman avec cocaïne
de M. Aguéev
Traduit du russe par Lydia Chweitzer
Éditeur : Belfond (1983) , coll. 10/18 (1990)
Année de première publication : 1934
Moscou, 1917. Lorsqu’il n’est pas en cours, Vadim, lycéen d’origine modeste, vagabonde dans les rues de la ville à la recherche de distractions. Adolescent en colère, tantôt reconnaissant, tantôt d’une ingratitude sans bornes, il vit une vie qu’il voudrait bohème mais qu’il reconnaît sans surprises. Cependant, celle-ci prend un tournant inattendu lorsqu’il s’embarque dans une soirée improvisée où il goûtera pour la première fois à cette drogue si perfide qu’est la cocaïne.
Ce roman, publié en 1934, est une merveille de la littérature russe, une immersion brute et sans fard dans la classe populaire de Moscou. Le lycéen téméraire et avide d’expériences livre ses pensées sur son époque, ses camarades, la religion et le gouvernement. Il parle impudemment de ses désirs de jeune homme, des kopecks volés et dépensés dans des hôtels miteux avec des inconnues rencontrées au détour d’une rue, et par-dessus tout, de l’initiation à la cocaïne. De tout temps, la littérature s’est faite la narratrice de la dépendance et du ravage des stupéfiants et M. Aguéev inscrit sans conteste son roman dans la lignée des chefs-d’œuvre.
L’auteur :
M. Aguéev est une énigme. En 1934, la revue russe Tchisla, établie à Paris, reçoit un manuscrit en provenance d’Istanbul, signé par M. Aguéev. Rapidement, il est admis que Aguéev est un pseudonyme. Plusieurs décennies vont passer avant que l’éditeur Pierre Belfond cherche à connaître l’identité de l’auteur. La première piste naît avec Lydia Tchervinskaia, 76 ans, et probable maîtresse de Aguéev. Elle livrera son véritable nom : Mark Levi. Quelques années plus tard, une nouvelle théorie voit le jour : Aguéev ne serait autre que Vladimir Nabokov. Celle-ci est rapidement réfutée par la femme de l’auteur de Lolita. Dans les années 1990, deux historiens russes apportent de nouveaux éléments étayant la première hypothèse, en trouvant de nombreuses similitudes entre la vie du narrateur et celle de Mark Levi, immigré russe qui finira ses jours comme professeur d’allemand dans la capitale arménienne Erevan, actant ainsi en faveur d’un roman autobiographique.
Extrait p. 167 :
« Et vous, pourquoi ne prisez-vous pas ? » me demanda-t-il sur un ton de reproche et de stupéfaction, comme si je lisais un journal dans le foyer d’un théâtre alors que le spectacle avait déjà commencé. J’expliquai qu’à vrai dire je ne savais comment faire et que je n’avais d’ailleurs rien pour cela. « Venez, je vous arrangerai tout, dit-il, comme si je n’avais pas de billet d’entrée et qu’il fût prêt à m’en donner un. Écoutez, cria-t-il à Nelly et Zander qui, dans un coin, déployaient une table à jeu et avaient sorti des morceaux de craie et les cartes, qu’est-ce que vous avez à faire là-bas, venez-voir, ici on débarrasse un homme de la virginité de ses narines. »
Fiche rédigée par Louise Aldeano
Roman avec cocaïne
de M. Aguéev
Traduit du russe par Lydia Chweitzer
Éditeur : Belfond (1983) , coll. 10/18 (1990)
Année de première publication : 1934
Moscou, 1917. Lorsqu’il n’est pas en cours, Vadim, lycéen d’origine modeste, vagabonde dans les rues de la ville à la recherche de distractions. Adolescent en colère, tantôt reconnaissant, tantôt d’une ingratitude sans bornes, il vit une vie qu’il voudrait bohème mais qu’il reconnaît sans surprises. Cependant, celle-ci prend un tournant inattendu lorsqu’il s’embarque dans une soirée improvisée où il goûtera pour la première fois à cette drogue si perfide qu’est la cocaïne.
Ce roman, publié en 1934, est une merveille de la littérature russe, une immersion brute et sans fard dans la classe populaire de Moscou. Le lycéen téméraire et avide d’expériences livre ses pensées sur son époque, ses camarades, la religion et le gouvernement. Il parle impudemment de ses désirs de jeune homme, des kopecks volés et dépensés dans des hôtels miteux avec des inconnues rencontrées au détour d’une rue, et par-dessus tout, de l’initiation à la cocaïne. De tout temps, la littérature s’est faite la narratrice de la dépendance et du ravage des stupéfiants et M. Aguéev inscrit sans conteste son roman dans la lignée des chefs-d’œuvre.
L’auteur :
M. Aguéev est une énigme. En 1934, la revue russe Tchisla, établie à Paris, reçoit un manuscrit en provenance d’Istanbul, signé par M. Aguéev. Rapidement, il est admis que Aguéev est un pseudonyme. Plusieurs décennies vont passer avant que l’éditeur Pierre Belfond cherche à connaître l’identité de l’auteur. La première piste naît avec Lydia Tchervinskaia, 76 ans, et probable maîtresse de Aguéev. Elle livrera son véritable nom : Mark Levi. Quelques années plus tard, une nouvelle théorie voit le jour : Aguéev ne serait autre que Vladimir Nabokov. Celle-ci est rapidement réfutée par la femme de l’auteur de Lolita. Dans les années 1990, deux historiens russes apportent de nouveaux éléments étayant la première hypothèse, en trouvant de nombreuses similitudes entre la vie du narrateur et celle de Mark Levi, immigré russe qui finira ses jours comme professeur d’allemand dans la capitale arménienne Erevan, actant ainsi en faveur d’un roman autobiographique.
Extrait p. 167 :
« Et vous, pourquoi ne prisez-vous pas ? » me demanda-t-il sur un ton de reproche et de stupéfaction, comme si je lisais un journal dans le foyer d’un théâtre alors que le spectacle avait déjà commencé. J’expliquai qu’à vrai dire je ne savais comment faire et que je n’avais d’ailleurs rien pour cela. « Venez, je vous arrangerai tout, dit-il, comme si je n’avais pas de billet d’entrée et qu’il fût prêt à m’en donner un. Écoutez, cria-t-il à Nelly et Zander qui, dans un coin, déployaient une table à jeu et avaient sorti des morceaux de craie et les cartes, qu’est-ce que vous avez à faire là-bas, venez-voir, ici on débarrasse un homme de la virginité de ses narines. »
Fiche rédigée par Louise Aldeano