Janvier - Dürrenmatt

Fiche n°18 – Janvier 2021

La Panne de Friedrich Dürrenmatt

Année de première publication : 1956

Traduit de l'allemand en 1958 par Armel Guerne pour les éditions Albin Michel

Lorsqu'un vieux monsieur, juge à la retraite, lui ouvre sa porte et accepte de lui offrir le gîte et le couvert, Alfredo Traps, un innocent commercial dont la voiture vient de tomber en panne, ignore que le piège s'est déjà refermé... Il se croit innocent ? Il va devoir le prouver. En effet, assis pour le dîner entre l'avocat et le procureur, il réalisera à ses dépens qu'il ne manque qu'une personne à table : un coupable.

Dans ce court roman, concentré d'humour grinçant et d'ironie débridée, Friedrich Dürrenmatt propose une réflexion maligne et implacable sur le poids de nos fautes. Et à la lecture de cette farce perverse, entre parodie de procès et critique de la justice, vous pourriez bien vous interroger sur votre propre culpabilité. Mais vous n'avez rien à vous reprocher, n'est-ce pas ?

L'auteur :

Feuilletoniste, romancier et peintre, c'est surtout en tant que dramaturge que Friedrich Dürrenmatt a laissé son empreinte, en particulier pour La Visite de la vieille dame (1956), une pièce mordante où le cynisme le dispute au pessimisme. À l'image de cette tragi-comédie, son œuvre, volontiers absurde et résolument satirique, propose une critique sociale acerbe, à l'apparente simplicité mais à l'esprit ravageur. Il laisse à sa mort, en 1990, une œuvre intemporelle.

Extrait :

« Diverti et rasséréné au projet des vieux messieurs, leur invité se dit qu'au lieu de la soirée assommante et compassée à laquelle il s'était attendu, ce serait finalement peut-être une soirée très amusante. Les discussions intellectuelles et les spéculations de l'esprit n'attiraient guère cet homme simple, adroit certes et capable de ruse dans le domaine des affaires, mais peu enclin par nature aux efforts de la réflexion. Ses goûts le portaient plutôt aux plaisirs de la table et à la grosse plaisanterie. Aussi déclara-t-il qu'il entrait volontiers dans le jeu et qu'il se faisait un honneur d'accepter le poste vacant d'accusé. »

Fiche rédigée par Antoine Desbordes