Je suis un américain

Ou le fantasme d'Amérique d'un héros ordinaire: nous découvrons, à travers les points de vue de nos trois personnages principaux, Jean, écrivain désabusé qui a toujours voulu être américain, Jane, touriste américaine avec qui il vivra une brève et intense histoire d'amour, et Jeannie, qui nait neuf mois plus tard sur le sol américain. Ils prendront tour à tour la parole, nous dévoilant les répercussions de cette rencontre sur leurs vies à différents niveaux, faisant des allers-retours entre la France et les Etats_Unis, entre le passé et le présent. Nous suivons les fantasmes et déceptions de nos protagonistes, nous immisçant dans leur intimité, jusque dans leurs rêves. Le fil conducteur de cette histoire somme toute très simple, c'est celui d'un homme qui a vécu ses premières années aux État Unis, puis est revenu avec sa famille vivre à Paris. Il en a gardé une intense frustration et a toujours voulu y retourner, se construisant une identité américaine durant sa jeunesse puis sa vie adulte. La force du récit réside dans l'universalité des symboles nous ramenant à l'essence de ce qu'est le rêve américain aujourd'hui.

Le scénario et le découpage ont une dimension cinématographique et son style graphique est spectaculaire : Guillaume Chauchat raconte cette histoire avec un trait d'une grande sobriété et pourtant avec une inventivité frappante: le dessin est d'un noir épais, rond, et il utilise pour créer le contraste des aplats de couleurs vives. Le séquençage va se jouer des formes et des codes de représentation du dessin, se jouer également de tous les clichés de notre imaginaire collectif. Tout est maîtrisé et nous entraîne tour à tour dans l'intime, l'inconscient des personnages, avec une prouesse technique dans l'abstraction et le surréalisme qui nous rappellent Mondrian, ou encore les fantaisies de Méliès.